MALEDICTION : CHAPITRE 2

 #Malediction


#CHAPITRE_2


AUTEUR :NATHALIE FLORE 




Mon réveil a retentit lorsqu'il est 6h00. La veille avant le couché, mon père m'avait demandé de me lever tôt pour m'apprêter et être prête avant 8 heures. J'avais donc réglé mon petit réveil à cette heure du matin. La nuit n'a pas été de tout repos pour moi. Je l'ai trouvé atrocement longue pour une nuit que j'avais l'habitude de passer et me plaindre au réveil lorsque le soleil se levait assez rapidement à mon goût. Cette nuit a été la plus longue. Je n'avais pas suffisamment dormi. J'étais tourmentée entre mon voyage et l'idée de quitter définitivement cette maison, ce lit qui m'a vu grandir et que je partage avec ma sœur. En parlant d'elle, je ne la trouve pas sur le lit. Je me suis levée pour me laver les dents. La porte des toilettes est fermée de l'intérieur, je crois bien que Doriane s'y trouve. J'ai patienté dans la chambre pendant une quinzaine de minutes, elle n'est toujours pas sortie. Lassé d'attendre, je suis allée cogner à la porte.


_ Doriane tu peux sortir ? je vais me laver


_ Eh laisse moi je suis occupée.


_ Mais tu es là depuis plus de 30 minutes et je n'écoute même pas une goutte d'eau se verser.


_ Quel est ton problème, je fais ce que je veux.


_ Mais dépêche toi tu vas me mettre en retard. Eh Doriane sort de là tu m'agace déjà trop je suis sur que tu fais exprès pour que tata arrive alors que je ne suis pas prête.


_ Tu peux penser ce que tu veux, laisse moi me mettre à l'aise.


Je suis déjà en colère et j'ai commencé à frapper à la porte avec violence. Mes coups ont alerté ma mère qui est arrivée nerveusement en attachant son pagne aux reins.


_ Mais qu'est ce qui se passe ici le matin, Alex je peux savoir pourquoi tu fais autant de bruits.


_ Doriane ne veut pas sortir de la douche.


_ Maman je me met à l'aise, hurle Doriane à travers la porte.


_ Elle ment maman, elle est entrée depuis elle ne se lave même pas. Moi je suis pressée.


_ ET c'est parce que tu es pressée qu'on ne doit plus se mettre à l'aise ? Tu ne peux pas imaginer qu'elle ait mal au ventre et veut se soulager.


_ Mais maman depuis la ? Ekieeee !


_ Ne me frappe plus cette porte tu vas réveiller Benjamin. Eh Doriane si tu as fini tu sors moi aussi je vais me mettre à l'aise.


_ j'arrive maman.


Doriane est enfin sortie, je l'ai toisé et je crois bien que si sa mère n'était pas là j'allais lui cogner la tête. Ça me plairait bien de lui donner une bonne correction avant de quitter cette maison. J'ai laissé maman Sarah se mettre à l'aise avant d'y aller à mon tour. Il n'était pas question que je perde plus de temps, connaissant ma tante très carré sur la ponctualité, elle serait capable de m'abandonner pour rentrer. Je me demande si elle connaît encore le chemin de cette maison, ça faisait une éternelle qu'elle n'y avait pas mis les pieds et que je ne l'avais pas vu. Le jour de son mariage, seule mon père y était, même sa femme ne l'avait pas accompagné. Ma tante ne l'a voulait pas à son mariage pour des raisons de rivalité qu'elles ont toujours eu. 

J'ai revêtu d’une robe assez jolie que mon petit ami m'a offert avant de s'envoler pour le littoral où il poursuit ses études à présent. Je me rappelle avoir pleuré ce jour où il quittait la ville. Cette robe je la garde précieusement pour des occasions comme celle-ci. Je vais entrer dans une nouvelle ville, une ville androïde comme mes copines le disent, je me dois d'être bien vêtue. Alors que je suis en train de m'habiller, j'écoute les voix au salon, notamment celles de mon père, de ma sœur et une autre que je ne reconnais pas. Ça doit être ma tante, elle est déjà là. Je me suis dépêché de m'habiller. J'ai porté l'unique ballerine qui est encore en état. Mes cheveux bien coiffés par ma soeur il y a encore quelques jours brillent encore. Ma sœur a le don de tenir les tresses, elle le fait si bien que ses camarades et voisins s'alignent devant notre porte pour recevoir un coup de beauté de ses doigts de fées. Pour ma part, je devais la flatter pendant plusieurs jours pour qu'elle accepte de me coiffer. Bénéficiant des produits de mes copines musulmanes que je mettais sur mes cheveux, je pouvais les laisser au vent ou en faire des rouleaux tellement ils étaient longs. Ma mère voulait les couper une fois lorsque je venais d'entrée en classe de 6e. J'avais fuis la maison pendant des heures. Mon père avait alerté les autorités de ma disparition. Après quelques heures, j'étais revenue de moi même..mon père m'avait promis de ne jamais laisser quelqu'un me couper mes cheveux et jusqu'ici il avait tenu à sa promesse malgré les reproches que lui ont fait sa femme. Pour elle, mes cheveux constituent un frein pour mes études. Curieusement je ne sais dans quel sens cela m'empêche de lire mes cours..est ce ma faute si je suis plus belle que sa fille, est ce ma faute si j'ai les cheveux plus longs et touffue que pour sa fille, est ce de ma faute si je suis brune naturellement et qu'elle a forcé de me ressembler mais a plutôt vu sa peau se transformer en Fanta coca. Je ne lui en veux pas de toutes les façons c'est ma mère après tout elle m'a nourri, elle m'a enlevé et je crois qu'elle m'aime à sa façon. 

J'ai retrouvé la famille au salon. Le parfum de ma tante se répand dans toute la pièce, il sent si bon. Ma tante est toujours cette belle femme Africaine qui refuse de vieillir. Toujours bien vêtu de ses vêtements de marques, des sacs à main de marque et son gros téléphone en main. Elle m'a sourit et je suis allée l'embrasser. Sa peau si douce me donne l'impression qu'elle ne fait rien de ses doigts. Ses longs ongles m'ont effrayé. A son âge, elle ressemble à une jeune fille de 30 ans.


_ Bonne arrivée tata.


_ Merci ma chérie, que tu as grandi oulala..tu vas bien ?


_ Oui tata. Tu as bien voyagé ?


_ Oui je suis la depuis hier..j'étais accompagner un collègue qui a perdu sa mère. J'en ai profité pour venir te chercher. Où se trouve ta mère ?


_ Euh je crois qu'elle est dans la chambre.


_ Elle écoute ma voix elle ne se gêne pas pour venir me saluer, ah cette femme ne va jamais changer, elle restera toujours une villageoise.


_ Ne vient pas chez moi chercher les problèmes, a riposté mon père pas content du fait qu'elle traite sa femme de villageoise.


_ C'est pourtant la vérité Denis, ta femme est une villageoise. Tous les enfants sortent me saluer sauf elle. Tu comprends pourquoi je ne viens jamais ici.


_ Qui est villageoise, a déclaré maman en arrivant au salon qui a sûrement suivi la discussion.


_ Ah tu es là. Je disais à ton mari que tu es une villageoise parce que tu écoutes ma voix, tu ne sors pas me saluer.


_ Te saluer parce que tu es en concert ?

stuippp


_ Ah Denis tu écoutes comment ta femme parle à ta grande sœur. Et tu vas te plaindre que je ne viens jamais chez toi. À quoi bon venir discuter avec un être pareil pfff.


Et c'était parti pour une série de discussions. Ma tante n'a pas sa langue dans la poche et ma mère non plus. Je peux comprendre ma mère qui se sent toujours frustrée lorsqu'elle doit recevoir un membre de la famille de son mari surtout si ce membre est une femme qui a de l'argent. Elle fera tout pour rabaisser ma mère et ça, moi même je ne l'accepte pas. Je pense que chacun devrait respecter la place de l'autre sans toutefois brandir son compte bancaire ou se prévaloir plus importante que l'autre parce que son compte en banque est garni. Ma mère ne se laisse jamais faire, elle a du répondant. C'est une chose que j'ai copié chez elle, ne jamais se laisser marcher dessus parce que l'autre se croit mieux que toi. Ma mère a ses défauts qui sont certainement plus nombreux que ses qualités..moi je garde d'elle ses qualités et le fait qu'elle m'est élevé... Elle m'a aimé à sa façon. Papa a réussi a calmer les deux femmes et ma tante m'a demandé d'aller prendre ma valise. Elle a refusé de prendre le petit déjeuner que mon père lui a proposé prétextant n'avoir pas faim or je crois bien qu'elle pense que nous ne mangeons pas bien équilibré comme elle, elle a peur d'être intoxiqué par notre repas. Mon père l'avait aussi compris il n'a pas insisté. Je suis allée prendre ma valise et nous sommes sortis..la voiture de ma tante est garée dans la cour. Elle a appelé celui qui est au volant pour venir mettre ma valise dans la mal arrière. Je crois bien que c'est son chauffeur. Il est temps de dire au-revoir à ma famille je me tourne vers mon petit frère, il a déjà les larmes aux yeux je vais l'embrasser.


_ Ne pleure pas on va s'appeler très souvent.


_ Tu vas me manquer.


_ Toi aussi.


Je lui ai fait un gros câlin, ensuite je suis allée embrasser mon père.


_ Je n'aimerais pas entendre que tu t'es mal comportée chez ta tante. Sois sage ma fille.


_ Ne t'inquiètes pas papa, je le serais. Je vais souvent t'appeler.


_ Allez vas-y.


Je me suis tournée vers ma mère qui est aussi triste. Je ne sais pas si c'est le fait de voir sa fille bonne à tout faire partir ou le fait que je vais vraiment lui manquer. Je vais tout de même l'embrasser.


_ Soit sage et comporte toi bien, me dit-elle.


_ D'accord maman. On va souvent s'appeler.


_ D'accord.


Je le dis sans le penser vraiment, il fallait que je dise quelque chose et elle aussi. Au fond, on sait toutes les deux qu'on ne se manquera pas. Je vais voir ma sœur qui me tourne le dos. 


_ Doriane tu ne vas pas me dire au-revoir ?


_ Non !


_ S'il te plaît.


Je la sens en colère, elle fait des grimaces avec ses doigts, un signe que je connais bien lorsqu'elle veut pleurer. Je m'en vais la prendre de force dans mes bras. Elle fond en larme..ma sœur aime jouer la forte, à la dure elle aime jouer à celle qui s'en fout, elle aime me faire croire qu'elle me déteste alors qu'au fond on s'aime beaucoup. 


_ Ne pleure pas je vais souvent t'envoyer les habits et les mèches.


_ Je n'aurai plus personne avec qui lutter.


J'ai ri..c'est une belle remarque qu'elle vient de faire. Ses insultes et nos bagarres vont aussi me manquer.


_ On y va Alex, me dit ma tante.


J'essuie les larmes de ma sœur et je lui donne un baiser à la joue ce qu'elle essuie rapidement et occasionne des rires de notre part. Elle m'accompagne à la voiture et embrasse notre tante.


_ Tata bye. Prochainement tu vas aussi venir me chercher.


_ Si ta mère ne t'avais pas mal élevé je serais venue te chercher.


Cette déclaration l'a choqué et encore plus ma mère qui a écouté et s'est réfugiée à l'intérieur pour exprimer son mécontentement. Nous sommes entrés dans la voiture et le chauffeur a démarré. Je ne regarde plus ma famille, mais cette maison qui m'a vu naître et grandir. Je ne sais pas quand je reviendrai encore ici, ce que je sais c'est que lorsque je reviendrai je trouverai cette maison intacte, rien n'aurait changé même pas la peinture. La voiture s'éloigne et je sculpte à travers la vitre le paysage qui a été mon quotidien pendant 17 ans. Je regarde chaque coin et recoin de ce quartier comme si c'était la première fois. Mon école primaire ou j'ai fréquenté, le lycée ou j'ai été depuis la classe de 6e je regarde ses établissements avec admiration. Et dire que j'avais prévu d'y retourner à la rentrée. Pendant le trajet, ma tante fait des arrêts pour acheter des fruits, des légumes ou des tubercules pour sa maison. Aussi, elle achète de la viande et des sucreries que nous avons grignoté durant tout le trajet. Tata Jeannine n'est pas très bavarde, elle dit uniquement ce qu'elle pense et au moment où elle le pense sans plus de commentaire et te laisse deviner le reste. Je me sens un peu frustrée face à son comportement et à son style de vie, son rythme de vie et sa grandeur. Je l'écoute discuter au téléphone avec aisance, avec courtoisie et je me dis que c'est ce genre de grande femme que j'aimerais devenir s'il plaît à Dieu. Le trajet était très long, je me suis endormie plusieurs fois. Il était 18h lorsque nous sommes arrivés dans la grande ville de Yaoundé. Je suis impressionnée par les infrastructures, les routes et les immeubles dits grattes ciel. Nous avons traîné dans les embouteillages avant d'arriver au quartier. Un quartier très bruyant à mon goût. Trop de monde sur la route, trop de voitures et les bruits viennent de partout. Je me dis que je vais finir par m'habituer. Ma tante me fait signe de porter mes chaussures nous sommes arrivés.


_ Tata comment on appelle ce quartier.


_ Nous sommes à Biyem-Assi au quartier acacias. La maison est juste là devant et le marché derrière. Tu auras le temps de connaître.


_ D'accord


Nous sommes arrivés devant un portail qui s’est ouvert tout seul. Ma tante s'est construite une superbe maison grâce à son emploi de docteur et directrice d'une clinique.. Elle gagne super bien sa vie mais malheureusement n'a jamais eu la chance de concevoir malgré ses multiples mariages. Le chauffeur a garé à côté d'une RAV 4 stationnée dans la cour. Nous sortons de la voiture. La porte centrale s'ouvre laissant passer un jeune homme tout souriant qui s'approche de ma tante et lui donne un baiser sur la bouche. J'ai manqué de m'écrouler. J'ai cru que ce jeune homme était un ami, ou le voisin, ou même un petit neveu. Non c'est son Mari..je tombe des nues. Mon père m'avait dit qu'elle avait épousé un homme plus jeune, j'avais pensé qu'il pouvait avoir un écart de 2 ou 3 ans mais là je crois bien que l'écart est important. Ma tante se tourne vers moi pour me presenter à son mari.


_ Chéri je te présente Alexandra ma nièce, tu peux l'appeler Alex. Ma chérie, voici mon mari Éric.


_ Bonsoir tonton.


_ Bienvenue Alexe, ça a été le voyage ?


_ Oui merci, mais très long.


_ C'est normal. On peut entrer. Laisse moi porter ta valise..chérie, tu libères le chauffeur.


Je suis Éric à l'intérieur. Le salon est grand avec des chaises en cuir blanc. Un écran télévisé accroché au mur attire mon attention..il est le triple que le nôtre à Domayo. Une photo de Mariage sublime l'armoire vitrée, une autre de grand format peint à la main si je ne me trompe pas meuble le mur. Il est tellement beau, les couleurs et les traits de visage y sont bien représentés. Je regarde autour de moi je remarque plus de photos peintes que celles imprimer, c'est original. Je suis Eric dans une pièce qui sera ma chambre. Un grand lit bien dressé occupe le centre de la pièce, une armoire vide et nettoyée s'y trouve, et de l'autre côté sous la fenêtre, se trouve une table. J'adore cette pièce et dire qu'elle sera à moi toute seule me procure une joie immense.


_ Elle te plaît ta chambre, me demande Éric.


_ Oui tonton c'est jolie.


_ OK les toilettes sont au couloir tout au fond. Je te laisse te mettre à l'aise et après tu nous retrouves au salon.


Il sort de la chambre en fermant la porte. Je ne met pas longtemps avant de sauter sur mon nouveau lit. Toute cette grande penderie uniquement pour moi alors que je n'ai pas assez de vêtements. Je me sens déjà à l'aise dans cette maison où il fait bon vivre. Je défais ma valise et prends uniquement le nécessaire pour aller me doucher. J'aurai tout le temps de ranger mes affaires. Après ma douche dans des toilettes modernes ou j'ai trouvé toute sorte de shampoing et eau de toilette, je me sens fraîche et plus propre que jamais. Je vais au salon où ma tante se trouve avec son mari ils boient chacun du café. Je prends place dans un fauteuil avec précaution tellement les fauteuils sont d'un blanc éclatant.


_ Ca va ? Demande ma tante


_ Oui tata.


_ D'accord. Moi je vais aller me reposer. Mon mari va te faire le tour de la maison et il faudra aussi que vous alliez ensemble demain il te montre ton école si ça ne te dérange pas chéri.


_ Bien sûr que non ma chérie. On fera ça demain va te reposer j'arrive.


_ Merci..euh il ya des trucs à grignoter au frigo si tu as faim..ici on ne prépare pas constamment.


Ma tante s'est réfugiée dans sa chambre et moi j'ai suivi mon oncle qui m'a fait faire le tour de la concession. Sauf une porte qui semble être le sous-sol qu'il ne m'a pas présenté.


_ Tonton cette porte mène ou ?


_ Ah oui c'est mon lieu de travail. Je suis peintre et sculpteur tout mon matériel et lieu de travail est sous cette porte.


_ Ah d'accord c'est cool..je comprends maintenant les multiples peintures au salon je ne savais pas que ça payait au Cameroun.


_ Bien que ça paie il faut juste cibler les clients. Nous n'avons pas la culture de la peinture certe mais je sais où trouver les clients et la plupart du temps je suis à l'extérieur pour des expositions.


_ waouhh !


_ Bon tout est dit si tu as des questions tu les poses, si tu as faim je t'ai présenté la cuisine tu peux trouver n'importe quoi à grignoter moi je vais m'assurer que ma femme ne manque de rien.


Il était parti et m'a laissé là à regarder autour de moi..je n'ai pas faim sinon je voulais juste regarder la télévision. J'ai bien envie de savoir pourquoi un homme si jeune a voulu épouser une femme qui pouvait être sa mère, non pas sa mère c'est un peu exagéré mais c'est son aîné de très loin, est ce par ambition, ou alors il en avait marre des jeunes filles de son âge, ou encore il est vraiment amoureux d'elle. Ce que je vois depuis quelques heures que je suis ici me laisse penser que c'est de l'amour. Je suis encore perplexe face à ce couple qui pour moi est ''anormal''.


À SUIVRE

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